"Naissance, 1 an, 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans, 6 ans, 7 ans...
On est encore qu'un enfant."
Certains naissent sous une bonne étoile et bien je pense que moi la mienne était partie bien avant ma naissance. Je suis né à Dublin au sein de la communauté des Pavees. Les gens du voyage irlandais. Une communauté mal aimé du reste de la population car différente d'eux. Ma vie a commencé à peu près normalement entouré par ma sœur jumelle, ma grand-mère, ma mère et mon père. J'apprenais le shelta, la langue des Pavees, je m'entraînais à monter à cheval, à lancer des couteaux, etc...Et puis quand j'ai eu sept ans, tout a dérapé. Ma mère est morte, tabassée par des gens de la ville qui pensaient qu'elle avait volée quelque chose qui leurs appartenait. Ma grand-mère l'a suivie quelques semaines après. j'ai toujours dis qu'elle était morte de chagrin car elle avait perdu sa fille unique. Moi et ma sœur on était encore petit et on ne comprenait pas tout. On essayait de soutenir notre père du mieux que l'on pouvait du haut de nos sept ans, seulement, il a très mal vécu la mort de sa femme. Il s'est mis à haïr les gens de la ville, enfin, encore plus qu'avant. Il buvait de plus en plus à n'importe quelle heure, il a même commencé à nous frapper moi et ma sœur. Tout le monde le savait dans le clan, mais personne ne disait rien, car chez nous c'est comme ça. On regarde, on se tait, on écoute, on se soutient, on ne trahis pas....

"On a 7 ans, 8 ans, 9 ans, 10 ans, 11 ans, 12 ans, 13 ans, 14 ans, 15 ans...
Et on voudrait être plus grand."
La vie continuais tranquillement. Mon père buvait toujours, il nous frappait toujours aussi. En grandissant j'essayais de faire quelque chose, je me dénonçais pour n'importe quelle bêtise afin que ma sœur n'ai rien. Il pouvait me frapper autant qu'il voulait, mais pas elle. Au fil des années j'étais devenu un excellent Pavees, je ne savais pas encore à quel point cela me servirais plus tard dans ma vie. Nos quinze ans arrivèrent beaucoup trop vite à mon goût. Quinze ans, chez les Pavees c'est l'âge de la maturité. Enfin chez les hommes, chez les femmes c'est plus tard. Chez nous il y a deux manières de devenir adulte : sauter au dessus d'un feu de camp à cheval et se marier. Le premier ne m'a pas posé de problème le deuxième un peu plus. Le mariage chez nous se n'est pas comme chez les gens de la ville. Chez nous, pas d'église, pas de cérémonie, pas de robe blanches, pas de pièce montée. Chez nous, pour être marié il faut offrir son corps à l'autre. Autrement dit, il faut perdre sa virginité. La personne avec qui on le fait, devient alors notre conjoint pour le reste de notre vie. Je n'avais pas eu le choix de ma femme. Elle avait été choisit à ma naissance pratiquement. Elle avait dix-neuf ans, presque vingt, l'âge de la maturité chez les femmes. Je la connaissais depuis que j'étais gosse. Nous nous sommes unis. Un mois après mon mariage, elle s'est enfuie avec un autre homme.

"On a 15 ans, 16 ans, 17 ans, 18 ans...
Et on fait sa crise d'adolescent !"
Les années les plus bordéliques de ma vie je crois. Tout a commencé quand ma femme est partie. Je m'étais sentis humilié et je ne supportais pas ça, du coup je me suis renfermé sur moi même. J'étais le moins souvent possible chez moi, commettant toutes sortes de délits pour mon clan afin de rendre ceux-ci un minimum fier de moi. J'en ai délaissé ma jumelle, qui a finit par rencontrer un garçon. Un garçon de la ville. Elle était amoureuse de lui et voulait même s'enfuir avec lui lorsqu'elle aurait eu dix huit ans. Mon père ne lui en a pas laissé le temps. Un jour il a découvert cette relation. C'était des gens de la ville qui en parlaient au pub. Il était rentré complétement fou de rage ce soir là. Il a frappé ma sœur comme jamais il ne l'avait fait avant. L'un des coups plus violents que les autres la projeté contre le rebord de l'évier, ça lui a brisé la nuque. Elle est morte sur le coup. Quand je suis rentré après mon "travail" son corps n'avait pas bougé. Personne ne voulait l'enterrer, elle ne faisait plus partie de la famille, elle nous avait trahis. Je l'ai enterré moi même, en plein milieu de la nuit, seul. Depuis ce jour là, j'ai horreur qu'on m'appelle par mon prénom, il ressemble trop au siens. J'avais quinze ans, j'avais perdu toutes les personnes qui m'étaient chères, je n'avais plus rien à perdre. J'ai commencé à me tenir à l'écart des autres, je restais dans mon coin, regardant et ne disant rien. Et puis un jour j'ai rencontré Edan, ouais, le fils du premier ministre. Il avait l'air aussi perdu et renfermé que moi à l'époque. On s'est très vite bien entendu. C'est lui qui m'a présenté au reste de la bande et c'est comme ça que mon histoire avec eux à commencés. On était tous un peu pareils : des gars et des filles, tous plus ou moins paumés, qui n'avaient plus vraiment de personnes sur qui compter. C'était ça notre amitié. On faisait, tout et n'importe quoi, on aimait ça. On était jeune et con, on ne se souciais pas des conséquences. Et puis un jour, j'ai eu dix-huit ans et j'ai compris que je ne pourrais pas faire l'imbécile toute ma vie.

"On a 19 ans, 20 ans., 21 ans, 22 ans, 23 ans, 24 ans, 25 ans...
Alors, qu'est-ce qu'on devient maintenant ??"
Nous étions en 2011. La bande était plus ou moins éparpillée. J'ai décidé qu'il fallait mieux arrêter. J'ai quitté le groupe, sans vraiment leur dire pourquoi. J'ai quitté mon clan. Je suis parti seul sur les routes. Enfin seul...non pas vraiment. Je suis parti avec Caelan. Caelan, une petite puce de trois ans, des cheveux aussi noirs que les miens, des yeux aussi bleus que sa maman. Ce petit bout de choux était ma fille. Je ne savais même pas qu'elle existait jusqu'à ce qu'on me contact un beau matin d'automne. Sa mère avait été arrêté et envoyé en prison pour sept ans et étant donné que j'étais son seul parent encore en vie j'avais obtenue sa garde. C'est pour elle que j'étais parti, que j'avais arrêté les conneries. J'ai finis par atterrir à Cambridge, je me suis inscrit à l'université, je n'ai rien fais d'exceptionnel, je n'avais pas forcément les moyens. Aujourd'hui, je suis l'homme à tout faire de la fac, c'est pas glorieux, mais ça me permet d'élever ma fille. Elle est mon rayon de soleil, ma priorité dans la vie. Je ferais tout pour elle, pour qu'elle ai une vie meilleure que la mienne. Loin de toute la souffrance que j'ai pu connaître.