La fête bat son plein. Tu te déhanches sur le rythme de la musique électro, tu danses pour oublier ta dernière relation désastreuse. Tu noies ton chagrin dans l’alcool et tandis que tu finis cul-sec ton verre de vodka, tu te promets une chose : les mecs qui jouent avec ton petit cœur meurtri, c’est fini. En fait, les mecs, c’est fini tout court pour toi. Comme les relations en général. Puis tu lèves les yeux et tu le vois : ta prochaine erreur. Putain de belle erreur. Les yeux noisette, un sourire d’ange : Conan.

Les jours passent. Conan et toi, c’est pour la vie. Tu lui promets la lune, il te promet l’univers. Dans ton oreille, il te murmure des mots doux, des « je t’aime ». Lundi, Conan et toi, c’est pour la vie.

Mardi, tu réalises que Conan prend des médicaments. Quand tu lui demandes ce que c’est, il te répond que c’est pour son problème de thyroïde. Tu décides de le croire bien qu’au fond, tu sais qu’il ment. Mais ce n’est pas grave puisque Conan et toi, c’est pour la vie. T’as tout le temps devant toi pour lui faire cracher le morceau, n’est-ce pas ?

Mercredi, Conan pleure. Il y a quelques secondes encore, vos éclats de rire percutaient les murs de l’appartement. Maintenant il est là, dans un coin de la pièce et il ne rit plus. Des larmes coulent le long de ses joues rosées et il répète sans cesse qu’il n’en peut plus. Qu’il va te perdre et que lui et toi, ça ne tiendra pas. Mercredi, Conan et toi, c’est bientôt fini.

Jeudi, Conan te répètes que lui et toi, ce n’est que le début. Qu’il ne te lâchera jamais. Qu’il serait toujours là et qu’il ne veut que de toi. Puis tu lui demandes ce qui s’est passé hier. Il ignore la question bien sûr, et lorsque tu exiges une réponse, tout ce qu’il a à te dire c’est : « de quoi tu parles ? ». Puis il te sourit et toi, tu craques. En plus il t’a présenté à ses parents, ça veut dire qui Conan et toi, ce n’est pas fini… si ? T’as l’air inquiet de sa mère et le visage triste de son père qui te reviennent en tête tout d’un coup. Tous les deux n’ont cessé de s’excuser pour leur fils, et tu ne sais toujours par pourquoi. T’as des doutes. Conan et toi, c’est pour la vie, non ?

Vendredi, Conan et toi, c’est fini. Tu craches du sang et tes côtes te font mal. Tu ne vois plus d’un œil et t’as le côté droit du visage qui lance. Tu ne comprends toujours pas ce qui s’est passé. Une seconde Conan et toi vous embrassiez, la seconde d’après il te traitait de tous les noms et te rouait de coups. Tu t’es enfermé dans la salle de bain. Conan est de l’autre côté de la porte, en pleurs, te demandent pardon quelques fois, t’insulte les autres fois en te répétant que tu mérites qu’il t’ait frappé. Et entre deux cris, tu les vois enfin, ses médicaments, posés sur le lavabo. « Régulateur d’humeur », « traitement troubles bipolaires ». Et tu te mets à pleurer. T’es encore tombé sur un mec impossible. Vendredi, Conan et toi, c’est fini.





Conan, t’arriveras jamais a le pardonner. T’arriveras jamais à l’oublier non plus. Tu le détestes ce type pourtant, il te manque. Et tu ne sais pas si c’est ton côté un peu masochiste qui te pousse à faire ça, mais tu ne peux t’empêcher de l’observer avancer de loin. Même si ça te fait du mal.

La rupture, Conan l’a mal vécue. Il est revenu plusieurs fois vers toi en se noyant dans ses larmes, en te demandant pardon entre deux reniflements. T’as failli craquer. T’as jamais craqué. Puis pour lui, ce fut la descente aux enfers. Tu l’as vu sombrer dans la dépression, tu l’as vu boire, se droguer jusqu’à ne plus savoir qui il était. C’est peut-être ça qu’il recherchait au fond. Tu l’as vu dans les journaux, apparaitre sur la page des faits divers, tout ça parce qu’il avait décidé que le crime, ça lui faisait du bien. T’as eu envie de le sauver Conan, mais t’as jamais pu. Alors tout ce que t’as pu faire, c’est en pleurer.

Puis un jour, tu l’as vu sourire à nouveau. Tu l’as vu entouré d’amis, tu l’as vu rire et t’as failli ne pas le reconnaitre. Il trainait avec cette bande qui faisait du bruit dans les rues de Dublin, une espèce de gang de petits voyous qui se faisait appeler « Irish toxicity ». Il buvait toujours, se droguait toujours, jouait toujours les criminels… mais au moins, il n’était plus seul. Et d’un côté ça t’a soulagé. T’as même eu l’impression qu’il s’était trouvé un nouveau partenaire ; tu l’as vu à la façon dont il regardait ce petit blond pendu à son bras. Il le regardait de la même façon qu’il t’a regardé autrefois, avec la même tendresse. T’en as presque été jalouse.

Les mois ont passé et Conan ne sourit plus. Tu ne l’entends plus crier dans les rues de la capitale. Tu n’entends plus parler de lui dans les bars, dans les journaux. Tu ne sais pas trop ce qu’il devient à présent. Tout ce que tu sais c’est qu’il est de nouveau seul et qu’il a de nouveau gâché la seule belle chose qu’il possédait. Irish toxicity et lui, c’est fini. L’Irlande et lui, c’est fini. Conan est parti.